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Pedag’eau

Qu'est-ce que le bassin versant ?

Peu importe l’endroit où nous habitons en France, nous faisons forcément partie d’un bassin versant. Que ce soit celui d’un petit ruisseau, d’une rivière ou d’un grand fleuve, chaque territoire est inclus dans un système d’écoulement des eaux. La configuration du bassin versant – c’est-à-dire ses reliefs, son paysage, la nature de ses sols – ainsi que les activités humaines qu’il accueille (habitat, agriculture, industrie...) ont une influence directe sur la qualité de l’eau des cours d’eau qui le traversent.

paru le 06/04/2025 par

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Nicolas Vignot

Rédacteur en chef

Un bassin versant est une unité géographique naturelle. Il correspond à toute la surface du sol où l’eau de pluie s’écoule naturellement vers un même point de sortie : un cours d’eau principal, un lac, ou une nappe souterraine. Les contours du bassin versant sont déterminés par ce qu’on appelle les lignes de partage des eaux. Ce sont des frontières naturelles situées en hauteur, souvent au sommet des collines ou des montagnes, qu’on appelle aussi lignes de crête. Lorsqu’une goutte d’eau tombe d’un côté de cette ligne, elle rejoindra un bassin ; si elle tombe de l’autre côté, elle alimentera un autre bassin voisin. À l’image des poupées gigognes, le bassin versant d’un fleuve est formé de l’ensemble des bassins de ses affluents. Chaque sous-bassin collecte une partie des eaux pour les acheminer vers le cours d’eau principal.

Le fonctionnement d'un bassin versant

Un bassin versant est structuré autour d’un cours d’eau principal, souvent une rivière, qui prend naissance en altitude, dans ce qu’on appelle la tête de bassin. Ce point de départ se situe en général en montagne ou sur un plateau. À partir de là, la rivière s’écoule vers les zones plus basses, traversant les vallées, jusqu’à son exutoire, c’est-à-dire son point de sortie : la mer, un fleuve ou un grand plan d’eau. Tout au long de son trajet, la rivière collecte les eaux issues de différentes sources : les affluents (petites rivières et ruisseaux), les précipitations, la fonte des neiges ou des glaciers, les eaux souterraines qui remontent en surface. Ainsi, l’eau qui s’écoule dans le lit de la rivière porte la mémoire de toutes les zones traversées : champs, forêts, routes, villages, zones industrielles... Elle transporte aussi des particules de sol, des nutriments, voire des polluants. En amont, les pentes étant plus marquées, l’eau exerce une forte érosion : elle emporte les petites particules de terre, creusant progressivement le terrain. En aval, là où le terrain est plus plat et le courant plus lent, ces particules se déposent. C’est le phénomène de sédimentation, qui enrichit les sols et façonne les paysages fluviaux.

Des caractéristiques propres à chaque bassin

Chaque bassin versant est unique, façonné par une combinaison de facteurs naturels et humains : -Taille et forme du bassin ; - Orientation du territoire (vers le nord, le sud...) ; - Densité du réseau hydrographique (nombre de cours d’eau secondaires) ; - Relief et nature des sols (argileux, sableux, rocheux...) ; - Climat (sec, humide, montagnard, océanique...) ; - Occupation des sols : cultures, forêts, haies, zones urbanisées, retenues d’eau, etc. La présence humaine (habitations, infrastructures, aménagements) modifie le fonctionnement naturel du bassin. Par exemple, la source de la Loire se situe en amont de son vaste bassin versant, qui s’étend sur des milliers de kilomètres.

info+ En amont : direction des hauteurs, vers la montagne. En aval : direction de la vallée, là où les cours d’eau se dirigent naturellement En France métropolitaine, en 2021, 7 bassins hydrographiques sont recensés :- bassin Seine-Normandie ;- bassin Loire-Bretagne ;- bassin Adour-Garonne ;- bassin Rhône-Méditerranée ;- bassin Corse ;- bassin Artois-Picardie ;- bassin Rhin-Meuse.

Habiter et vivre sur un bassin versant

L’être humain est présent sur la majorité des bassins versants. Il y vit, y travaille, s’y déplace, s’y détend. Ses activités sont multiples : construction de logements, de villages ou de grandes villes, aménagement de routes, de voies ferrées, de zones industrielles, agriculture (cultures, élevage), tourisme, loisirs de pleine nature, ouvrages hydrauliques (stations d’épuration, barrages, canaux…).Toutes ces occupations du sol ont un impact direct ou indirect sur le fonctionnement du bassin versant. Par exemple : elles modifient l’écoulement naturel des eaux (par imperméabilisation des sols), elles influencent la qualité de l’eau (pollution, ruissellement), elles perturbent les milieux aquatiques et humides (fragmentation des habitats, introduction d’espèces invasives…), elles affectent la quantité d’eau disponible (pompages, retenues...) Le bon fonctionnement d’un bassin versant repose sur un équilibre entre les besoins humains et la préservation des milieux naturels. Pour garantir cet équilibre, il est nécessaire de préserver la qualité de l’eau, assurer une disponibilité suffisante de la ressource, maintenir les fonctions écologiques des cours d’eau et zones humides. Cela implique une gestion partagée et concertée entre tous les usagers de l’eau du bassin : agriculteurs, industriels, élus, associations, citoyens… Ces acteurs doivent se réunir, échanger, formuler ensemble des objectifs, et définir des actions concrètes. Le but : mettre en place une gestion de l’eau qui soit cohérente, solidaire et durable. Chacun exprime ses besoins, mais aussi ses responsabilités. Chaque usage doit s’accompagner d’un engagement à limiter ses impacts sur la ressource.

Pourquoi gérer l’eau à l’échelle du bassin versant ?

Le bassin versant est l’échelle naturelle la plus pertinente pour organiser la gestion de l’eau. Tous les usages et toutes les pollutions convergent vers un même cours d’eau. C’est à cette échelle que l’on peut comprendre les interactions entre activités humaines et environnement. L’eau ne connaît pas les frontières administratives : elle traverse les communes, les départements, voire les régions. Gérer l’eau uniquement selon ces découpages serait donc moins efficace.

À savoir…

Les agences de l’eau travaillent à l’échelle des grands bassins hydrographiques. Elles soutiennent techniquement et financièrement des projets d’intérêt collectif : restauration de rivières, amélioration des systèmes d’assainissement, accompagnement des agriculteurs pour réduire la pollution… Leur objectif : concilier préservation des milieux aquatiques et satisfaction durable des besoins humains sur chaque bassin.


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