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Montée des eaux / Risque et prévention

126 : le nombre de communes prioritaires face l'érosion côtière

126 communes auront l'obligation de s'adapter en priorité face au phénomène de l'érosion du littoral et au risque de submersion marine selon une liste établie par le gouvernement. La loi climat et résilience de 2021 prévoit de nouvelles dispositions pour ces communes, dont l'interdiction de construire sur les zones vulnérables entre autres.

paru le 04/01/2024 par

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Nicolas Vignot

Rédacteur en chef

La commune de Gouville dans La Manche est en première ligne face à la montée des eaux

126

C'est le nombre de communes situées sur les littoraux de France qui devront faire face en priorité au phénomène de l'érosion des côtes et au risque de submersion marine. Une liste publiée en 2022 par les pouvoirs publics dont la majorité des communes se situent sur les côtes Atlantique et de La Manche : 41 en Bretagne , 31 en Nouvelle Aquitaine et 16 en Normandie. L'Outre Mer est aussi concerné par ce décret, ordonnance de 2022 de la loi climat et résilience, dont 13 communes aux Antilles, 9 en Guadeloupe et 3 en Guyane. Le département le plus touché par le phénomène d'érosion du littoral reste le Finistère qui compte à ce jour 23 communes déclarées. Une sélection établie en fonction des biens immobiliers et des activités économiques menacées par l'érosion et dont les communes sollicitées par les autorités, ont eu le choix de leur décision, de rejoindre ou non la liste des communes prioritaires.

Que doivent mettre en place ces communes prioritaires ?

Pour les communes n’ayant pas encore de plan de prévention des risques littoraux, une cartographie de l’évolution du trait de côte devra être réalisée à 30 et 100 ans. Ces cartes serviront de base à de nouvelles règles d’aménagement du territoire dont l’interdiction de construire entre autres. Dans le zones exposées à l’horizon des 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites, mais avec des exceptions comme l’extension de bâtiments existants, l’installation de services publics ou de nouvelles activités nécessitant la proximité de la mer. Les zones à l’horizon de cent ans restent constructibles avec l’obligation de démolition quand la menace se rapprochera. Pour permettre aux communes de lancer ce nouvel aménagement du territoire, l’ordonnance du 6 avril 2022 de la loi climat et Résilience précise les moyens d’acquisition par les pouvoirs publics de biens menacés. Un nouveau type de bail sera créé pour des terrains, locaux commerciaux ou encore parcs de loisirs dans les zones concernées. Il s’agira d’un bail de 12 à 99 ans, avec la possibilité d’un bail anticipé, en fonction de l’érosion.

126 communes sur les 864 menacées

Cette liste de 126 communes qui sera mise à jour tous les neuf ans, est vivement critiquée par Elodie Martinie-Cousty de l'ONG France Nature Environnement. "Ces soi-disants 126 communes sont ridicules par rapport aux 864 menacées". regrette-elle. Selon les chiffres officiels, 864 communes sont particulièrement vulnérables aux submersions marines, phénomènes d'inondations temporaires des zones côtières par la mer, notamment lors des tempêtes. A l'heure actuelle ce sont 1,5 millions d'habitants qui vivent dans ces zones inondables littorales . "On a laissé beaucoup trop construire sur le littoral et les nouvelles dispositions ne sont pas adaptées aux enjeux" estime Elodie Martinie-Cousty. Certains responsables locaux s'interrogent aussi sur les nouvelles contraintes imposées par le nouveau plan d'aménagement et pointent des questions de financement. En mars 2022, une étude publiée par le cabinet Callendar avait estimé que d’ici 2050, 15 000 biens récemment vendus seraient inondés. D’ici 2100, le spécialiste prévoyait qu’une propriété côtière sur 10 pourrait devenir inondable. "Les propriétaires actuels surévaluent probablement la valeur qu’ils pourront tirer de leur bien en milieu de siècle quand les risques seront mieux connus et les acheteurs mieux informés", notent les experts. Pour l’instant, ces zones restent pourtant très prisées par les acheteurs.


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