Gestion de l'eau
Le cycle de l'eau, clé de voûte de nos écosystèmes
16/01/2025
paru le 13/12/2024 par
Rédacteur en chef
Que se passe-t-il dans la commune de Montagnac ? En 2022, la décision de la mairie d'implanter une usine d'embouteillage d'eau minérale sur le domaine de la Castillonne suscite colère et incompréhension parmi les habitants." Un projet d'un autre temps, à contre-courant d'un point de vue environnemental ", déclare Vincent Lapasset, adhérent actif de l'association Veille au Grain. Depuis deux ans, cette association, qui compte une centaine d'adhérents, dénonce "une décision prise en catimini" et milite pour l'abandon pur et simple du projet. Bien que les deux premiers recours contre la mairie aient été déboutés par le tribunal administratif de Montpellier en 2023, une mise en demeure a été déposée le 21 novembre 2024, cette fois-ci visant la Société d'Aménagement Foncier et Rural (SAFER). L'association reproche à cet organisme de ne pas avoir respecté le cahier des charges, et exige " la résolution de la vente du terrain", cédé en avril 2024 par la commune à la CGES, une filiale du groupe Alma, propriétaire des marques Cristalline, Saint-Yorre, et autres.
Le terrain concerné, d'une superficie de 3700 m2, vendu pour 37 000 euros, fait partie des 14 hectares du Domaine de la Castillonne, classé " à usage agricole". Il abrite un forage avec un accès à une nappe phréatique située à plus de 1500 mètres de profondeur. Si le projet aboutit, ce sont 1.6 millions de bouteilles d'eau par jour qui sortiront de l'usine. " Une aberration totale, d'autant que certains habitants de la commune n'ont pas accès à l'eau potable", s'indigne Christian Savary de Beauregard, le président de Veille au Grain. L'eau, devenue une ressource précieuse dans le département, se raréfie sous l'effet des sécheresses successives, contraignant les héraultais à subir des restrictions chaque été.
Au delà des inquiétudes écologiques, c'est la gestion même du projet par la commune et son maire, Yann LLopis, qui alimente les colères. Pour exploiter le forage, la CGES prévoit de creuser une canalisation de 2.5 kilomètres reliant la source au site de l'usine. Ce chantier nécessite l'autorisation des propriétaires riverains, ce qui a mis le feu aux poudres. "Tout est parti de là ", explique Vincent Lapasset. Les habitants de Montagnac découvrent alors avec stupeur l'existence du projet, issu d'une délibération du conseil municipal datée du 29 septembre 2022. " Ce qui nous a paru tout à fait anormal, c'est que la mairie n'ait jamais communiqué sur le sujet, ni sur son site internet, ni par voie de presse", déplore Vincent. Face à cette opacité, une mobilisation s'est rapidement mise en place. L'association Veille au Grain a vu le jour, et dès ses débuts, un premier recours a été déposé dans la foulée contre la décision municipale.
Interrogé sur la cession du terrain à l'industriel, le maire de la commune, Yann LLopis, refuse de s'exprimer. Pourtant, selon les informations détaillées recueillies par l'association, plusieurs éléments interrogent: Pourquoi l'acte de vente signé avec la CGES en avril 2024 précise-t-il que "les délibérations n'ont fait l'objet d'aucun recours ". Or, l'association confirme avoir bien déposé deux recours contre les deux délibérations municipales. De plus, l'acte de vente souligne explicitement la vocation agricole des parcelles vendues indiquant qu'il s'agit bien " d'une zone à protéger en raison d'un potentiel agronomique, biologique ou économique des terres agricoles. Seules y sont autorisées les constructions et installations nécessaires aux services publics ou d'intérêt collectif et à l'exploitation agricole". Alors pourquoi le vendre à un industriel pour un usage privé ?
Les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) ont un droit de préemption qui leur permettent d’acheter en priorité un bien agricole ou rural pour le revendre à un agriculteur. Elles contribuent, ainsi dans leurs zones d’intervention, à la mise en œuvre du volet foncier de la politique d’aménagement et de développement durable du territoire rural en favorisant notamment le maintien des exploitants agricoles et en préservant l’environnement.
Compte tenu du caractère agricole des parcelles, la SAFER aurait pu exercer son droit de préemption et de préférence, pour empêcher la cession à un industriel. Pourquoi cette option n'a-t-elle pas été envisagée ou activée ? "Ne pas interférer dans les projets des collectivités ou des communes ", justifie l'un de ses conseillers, M. Mehdi Kacimi. Pourtant, selon l'association Veille Eau Grain, celui-ci aurait "participé à des réunions entre l'industriel et la commune de Montagnac avant que celle-ci ne vende le forage à la CGES ". Pour rappel, la Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural avait vendu quatre parcelles du Domaine de La Castillonne à la commune de Montagnac en août 2019. En vertu de la clause de résolution figurant dans l'acte de vente, la SAFER dispose d'un délai de 10 ans pour agir en cas de non-respect des conditions de la vente. Il semblerait que ce soit l'association Veille au Grain qui rappelle à la Safer ses prérogatives, notamment à travers la mise en demeure déposée le 21 novembre 2024, visant à faire annuler la vente du forage à la Compagnie Générale des Eaux de Source.
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