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Gestion de l'eau / Conservation de l'eau

Le cycle de l'eau, clé de voûte de nos écosystèmes

Dans ce deuxième volet pédagogique, comprendre le cycle naturel de l'eau, c'est aussi apprendre à mieux le respecter. Alors que la planète se réchauffe, la perturbation de ce cycle perpétuel entraîne déjà des conséquences climatiques extrêmes : inondations, sécheresses, pluies torrentielles, etc... Des solutions existent pour le préserver, soulevant ainsi la question d'un nécessaire changement de paradigme dans nos sociétés.

paru le 16/01/2025 par

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Nicolas Vignot

Rédacteur en chef

Le cycle de l’eau joue un rôle fondamental dans le maintien des équilibres écologiques et climatiques. Sa modification peut entraîner des conséquences irréversibles sur l’environnement, ce qui en fait un enjeu mondial majeur. Notre planète bénéficie d’un cycle perpétuel de l’eau, aussi appelé eau renouvelable. Ce circuit fermé reste inchangé depuis des milliards d’années. Grâce à l’énergie solaire, l’eau se transforme et circule en permanence entre les océans, l’atmosphère et les continents. Sous l'effet du soleil, l’eau des océans, lacs, rivières et plantes s'évapore et monte dans l'atmosphère sous forme de vapeur d'eau. Lorsqu’elle provient des végétaux, on parle d’évapotranspiration. En altitude, où la température est plus basse, la vapeur d’eau se condense en fines gouttelettes, formant ainsi des nuages. Lorsque ces gouttelettes s’agglomèrent et deviennent trop lourdes, elles tombent sous forme de précipitations (pluie, neige, grêle, etc.). Cette eau suit alors trois grands chemins : 64 % s’évaporent à nouveau dans l’atmosphère, 25 % ruissellent et rejoignent les rivières, mers et océans, 11 % s’infiltrent dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques et les rivières souterraines, selon les chiffres avancés par les agences de l’eau en France.

Les impacts sur le cycle de l'eau

Comme le souligne également l’Agence de l’eau, « l’augmentation de l’évaporation et la multiplication des sécheresses durant les saisons chaudes pourraient avoir un impact majeur sur le cycle de l’eau en France métropolitaine. » La France se réchauffe à un rythme vingt fois supérieur à la moyenne mondiale. Autrefois tempéré et rarement touché par des pénuries d’eau, le pays connaissait des sécheresses sévères et des inondations majeures, mais ces événements faisaient partie des fluctuations climatiques naturelles. Pour l’hydrologue Emma Haziza, l’une des principales expertes de l’eau en France, « chaque année marque un nouveau seuil en matière de températures. Trois jours de canicule suffisent à déclencher une sécheresse éclair, et trois semaines à provoquer une sécheresse historique » (source : La Gazette des communes). Ces bouleversements soulignent l’urgence d’agir et perturbent profondément le cycle de l’eau. « Les pluies, au lieu de s’infiltrer dans les sols, ruissellent et aggravent les risques d’inondation », explique-t-elle. Au cours des cinq dernières années, 50 % des biens endommagés par des inondations se trouvaient en dehors des zones officiellement à risque. Aujourd’hui, n’importe quelle route peut devenir une rivière, ce qui impose une refonte de la gestion des risques territoriaux." rappelle la scientifique. D’ici 2070 à 2100, les températures devraient augmenter de 2 à 5 °C, perturbant directement le cycle de l’eau, Avec la chaleur, l’évapotranspiration s’intensifie, réduisant l’eau liquide disponible et amplifiant les phénomènes extrêmes : pluies violentes, inondations et sécheresses prolongées. Parallèlement, moins d’eau s’infiltre dans les sols ou alimente les rivières, provoquant une baisse des débits et un appauvrissement des nappes phréatiques. Ce déséquilibre du cycle de l’eau impacte directement notre quotidien. (source les agences de l'eau).

"Plus les sols sont vivants, plus ils absorbent l'eau"

La ressource en eau renouvelable, indispensable aux différents usages anthropiques et au fonctionnement des milieux aquatiques, "a diminué de 14% en France ces quinze dernières années ", selon le ministère de la Transition Ecologique. Si cette tendance devrait s'aggraver, Emma Haziza veut néanmoins rester optimiste quand à la capacité de nos sociétés à restaurer les équilibres perdus : "Restaurer le cycle de l'eau passe par l'enrichissement des sols, l'optimisation de la récupération des eaux de pluie et la désimperméabilisation des villes grâce à des techniques éprouvées. À Sydney, en Australie, l’application de ces mesures dans un sous bassin versant a montré des résultats concrets en seulement un an". La chercheuse préconise une approche en harmonie avec la nature : "Plus les sols sont vivants, mieux ils absorbent l'eau. Aujourd'hui, l'eau ne s'infiltre plus en profondeur, elle ruisselle massivement, érodant les terres." Afin de restaurer le cycle naturel de l'eau et de recharger efficacement les nappes phréatiques, "un accompagnement des agriculteurs semble également essentiel dans la régénération des terres.", ajoute-t-elle. En Colombie, dans la Sierra Nevada de Santa Marta, la construction d’un barrage a profondément perturbé le cycle de l’eau. En six ans, la température de la vallée a grimpé de deux degrés, entraînant l’effondrement de la biodiversité, l’appauvrissement des sols et la dégradation du territoire. Pour remédier à cette situation, une association française a racheté des terres et les a confiées aux Kogis, un peuple autochtone. En quelques années, les équilibres naturels ont été restaurés : "La biodiversité s’est rétablie, les sols se sont régénérés, la forêt a repoussé, l’eau a retrouvé son chemin et des sources taries ont ressurgi.", raconte l'hydrologue. Si la nature possède une capacité de régénération et de résilience qui se manifeste partout, il devient crucial de sortir des logiques à court terme pour apprendre à collaborer avec elle, plutôt que de lutter contre. Les élus, enracinés dans leurs territoires, observent les changements en cours : l'accélération des cycles naturels, l'évolution rapide des ruissellements, et bien d'autres phénomènes. De plus en plus de collectivités s'engagent à renforcer les actions de transformation et d'adaptation de leurs territoires. Cependant, nous sommes encore loin de la généralisation de ces pratiques, loin de l'adoption d'une vision systémique et à long terme, et loin d'avoir abandonné les réflexes qui perpétuent les dysfonctionnements de notre modèle actuel.


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