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Innovations et solutions durables / Solutions locales et communautaires

Phytoépuration: une alternative verte pour les petites communes.

De plus en plus de communes rurales misent sur la phytoépuration pour traiter leurs eaux usées. Ce procédé écologique, basé sur l'action filtrante des plantes, notamment des roseaux, offre une alternative durable et moins coûteuse aux stations d'épuration classiques. Si cette solution séduit, elle exige toutefois une bonne planification et un espace suffisant pour être éfficace. ( source La Tribune )

paru le 15/03/2025 par

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Nicolas Vignot

Rédacteur en chef

Qu’elles proviennent des cuisines, des salles de bain ou des toilettes, les eaux usées domestiques doivent être traitées avant d’être rejetées dans l’environnement. Traditionnellement, ce rôle revient aux stations d’épuration classiques, mais une autre approche, plus naturelle, se développe : la phytoépuration. Ce système repose sur l’utilisation de plantes aquatiques et de substrats filtrants pour épurer l’eau. Déjà adopté par de nombreux particuliers sous forme de jardins d’assainissement, il séduit aussi les communes en quête d’une gestion plus verte de leurs eaux usées. Cette technologie est particulièrement intéressante pour les collectivités disposant de terrains disponibles, et dont les équipements actuels ne répondent plus aux normes ou aux besoins croissants de la population. En Bretagne, plusieurs municipalités ont opté pour ce mode d’épuration. Bohal, dans le Morbihan, rejoindra bientôt la liste des communes équipées d’une station de phytoépuration, aux côtés de Kerbors, Corseul, Lanrenan ou encore Saint-Suliac.

Une solution économique adaptée aux petites collectivités

Contrairement aux systèmes classiques, les stations d’épuration végétalisées ne nécessitent pas de produits chimiques pour le traitement de l’eau. À Bohal, le projet repose sur la plantation de 900 pieds de roseaux sur une surface de 240 m². Grâce à leurs racines, ces plantes absorbent et décomposent les polluants organiques, agissant ainsi comme un filtre biologique. En plus de limiter l’usage de substances chimiques, ce type de station consomme nettement moins d’énergie. "Une station de phytoépuration utilise 4 à 6 fois moins d’électricité qu’un système conventionnel, soit environ 5 kWh par habitant et par an, contre 20 à 30 kWh pour une installation traditionnelle" , explique Damien Callens, ingénieur-conseil. Cette réduction énergétique se traduit aussi par une diminution des émissions de CO₂ de près de 60 %.

Outre ses avantages environnementaux, la phytoépuration représente une option financièrement plus accessible pour les collectivités locales. « Le coût de construction d’une station à roseaux est de 20 % à 50 % inférieur à celui d’une station d’épuration classique, notamment pour les installations destinées à des communes de moins de 2 000 habitants », précise Pascal Saulnier, responsable régional chez Colas, entreprise en charge du projet de Bohal. Le coût total de cette nouvelle station est estimé à environ 60 000 euros pour Colas, hors maîtrise d’œuvre. En plus d’être plus abordables à l’installation, ces infrastructures permettent aussi de réaliser d’importantes économies sur leur exploitation, avec une réduction des coûts de fonctionnement de 30 % à 70 % selon les installations.

Un modèle d’avenir pour les communes rurales

Si la phytoépuration représente une alternative séduisante, elle n’est pas exempte de défis. Son principal inconvénient est l’espace qu’elle requiert : une station de ce type nécessite une surface plus importante qu’un système classique, ce qui en limite l’application aux zones rurales où le foncier est disponible. Par ailleurs, une conception inadaptée peut compromettre son efficacité. Bohal avait déjà expérimenté un premier dispositif de filtration par roseaux, mais celui-ci n’a pas fonctionné comme prévu. Il a donc fallu revoir le projet et construire deux bassins supplémentaires de 120 m² chacun pour garantir un traitement efficace. La phytoépuration continue de gagner du terrain en raison de ses multiples avantages. À Bohal, les roseaux prendront racine dans les prochaines semaines et commenceront progressivement à purifier les eaux usées de la commune, illustrant ainsi le potentiel de cette technologie pour les territoires ruraux en quête de solutions écologiques et économiques. Article source La Tribune du 15 mars 2025 Assainissement collectif par filtres naturels de roseaux


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